Bitola ...

                                                                         La Bitola romaine (Heraclea Lyncestis)

Heraclea Lyncestis ou Herakleia Lynkestis (grec moderne : Ἡράκλεια Λυγκηστίς ou Ἡράκλεια Λύγκου) était une cité macédonienne située au nord-ouest de l'ancien royaume de Macédoine.

Heraclea Lyncestis a été fondée par Philippe de Macédoine au milieu du IVe siècle av. J.-C., peu après l'invasion du Lyncestis, la région dans laquelle elle se trouve. Le terme de Lyncestis, repris dans le nom de la ville, signifie « terre du lynx » en grec. La graphie la plus utilisée aujourd'hui, Heraclea Lyncestis, est héritée de l'époque romaine.

Ses ruines se trouvent de nos jours en République de Macédoine, à deux kilomètres du centre-ville de Bitola1. Le site est géré par le Musée et galerie de Bitola.

Heraclea était une importante ville stratégique pendant la période grecque. Elle se trouvait en effet proche de la frontière de l'Épire à l'ouest et du monde non-grec au nord. Les Romains envahirent la région au IIe siècle av. J.-C. et divisèrent le royaume de Macédoine vaincu en quatre régions. Ils construisirent également la Via Egnatia, qui traversait les Balkans d'est en ouest et qui passait par Heraclea, qui était d'ailleurs une étape importante. Le site conserve de nombreux vestiges de la période romaine, comme un portique, des monuments votifs, des thermes, un théâtre et des remparts. Pendant l'époque paléochrétienne, Heraclea était un important siège épiscopal. Certains de ses évêques sont ainsi mentionnés pendant les synodes de Serdica. De cette époque datent la petite et la grande basilique ainsi qu'une nécropole.

La ville fut dévastée par les Ostrogoths et les Visigoths de Théodoric le Grand en 472 puis en 479. Elle fut toutefois restaurée au Ve siècle puis la région fut envahie par les Slaves au VIe siècle, qui préférèrent le site actuel de Bitola pour s'établir.

                                                                                         Bitola

                                                                                         Shiroq Sokak

Bitola (en macédonien : Битола, prononcé [ˈbitɔɫa] Écouter ; en grec moderne : Μοναστήρι ; en turc : Manastır) est une municipalité et une ville du sud-ouest de la Macédoine du Nord. La municipalité comptait 93 585 habitants en 2002 et couvre 422 km2. La ville en elle-même comptait alors 74 550 habitants, le reste de la population étant réparti dans les villages alentour.

Le nombre d'habitants dans la municipalité était estimé à 93 585 en 2010, ce qui en fait la troisième municipalité de la Macédoine du Nord en nombre d'habitants, derrière Skopje et Kumanovo. La ville de Bitola est quant à elle la deuxième du pays, derrière Skopje.

Bitola est un important centre administratif, culturel, industriel, commercial et d'enseignement. Elle possède notamment une université. Elle se trouve dans la plaine de Pélagonie, à 15 kilomètres de la frontière grecque, sur la route qui relie la mer Égée au sud de la mer Adriatique et à l'Europe centrale.

Bitola est connue depuis le XIXe siècle comme la « ville des consuls » car de nombreux pays européens y entretenaient des consulats. Elle possède également un riche héritage architectural, notamment ottoman, et son centre-ville est réputé pour son architecture typique de l'Europe centrale, datant de la seconde moitié du XIXe siècle.

                                                                                              Basar

Histoire

Étymologie: Le nom Bitola remonte au vieux slave Obitel « monastère, domicile », parce que la ville était autrefois célèbre pour son monastère. Lorsque la signification du nom n'a plus été comprise, elle a perdu son préfixe o-. Le nom de Bitola est mentionné dans l'inscription de Bitola. La première mention écrite de Bitola date de 1014 ; elle figure sur un traité de l'empereur Samuel Ier de Bulgarie. Les variantes slaves modernes incluent le macédonien Bitola (Битола), le serbe Bitolj (Битољ), et le bulgare Bitolya (Битоля). Les Byzantins ont hellénisé le nom en Voutélion (Βουτέλιον) ou Vitólia (Βιτώλια). Le nom aroumain Bituli est également dérivé du nom slave. Bituli, Bitola ou Obitel ces noms sont tous la traduction slave du nom grec Monastiri (Μοναστήρι), car la ville fut fondée initialement par Philippe II de Macédoine au milieu du IVe siècle av. J.-C. A cette époque la ville s'appelait Heraclea Lyncestis. Néanmoins, avant l'arrivée des Macédoniens, la région et l'ancienne ville qui se trouve à 2 km de la ville actuelle, fut habitée par les Lyncestins8. Les Lyncestins furent des Illyriens.

Le nom grec de la ville est Monastiri (Μοναστήρι), le nom albanais Manastir ou Manastiri, le nom turc Manastir (turc ottoman : مناستر).

Antiquité: Pendant la Préhistoire, une communauté, appelée Lyncestis, s'installe dans la région. La ville fut reprise plus tard par les Macédoniens. Au Ve siècle av. J.-C., sous l'impulsion du roi Philippe II de Macédoine, une ville, Heraclea Lyncestis, est construite sur une petite colline se trouvant au sud-est de la ville actuelle11. Cette nouvelle cité est bâtie au carrefour de deux voies, l'une reliant la côte adriatique à la Thrace, l'autre, née dans le nord-est de la Pélagonie, rejoignant Stobi (actuelle Gradsko), située dans la vallée du Vardar.

Au IIe siècle av. J.-C., la Macédoine est envahie par les Romains. Ceux-ci réorganisent l'ancien royaume en province et font de la route qui reliait la mer Adriatique à la Thrace une voie très importante, baptisée Via Egnatia. Un siècle plus tard, la ville sert de dépôt de ravitaillement pour l'armée de Jules César lors de la guerre civile de César, qui se déroula de 49 av. J.-C. à 45 av. J.-C. Son nom apparaît ensuite dans divers écrits, autant officiels que privés.

La ville est évangélisée très tôt, dès le Ier siècle, et devient un évêché. Ses évêques des IVe siècle, Ve siècle et VIe siècle sont connus grâce à des textes de l'époque. Heraclea Lyncestis est alors une ville importante, elle possède notamment des fortifications, deux basiliques et un théâtre. À partir du Ve siècle, la ville connaît néanmoins des attaques barbares et est dévastée à plusieurs reprises. Le roi ostrogoth Théodoric est le premier à lancer une attaque sur Heraclea Lyncestis, en 472. Il recommence en 47911 et en 518 la ville est à nouveau ravagée par un séisme. Elle est restaurée à la fin du Ve siècle et au début du VIe siècle, peu de temps avant l'invasion des Slaves, qui anéantissent définitivement la ville.

Moyen Âge: Au VIe siècle, les Slaves Dragovites et Berzites s'installent durablement dans la région. Ils abandonnent Heraclea Lyncestis et s'installent à l'emplacement de la ville actuelle, qui fait partie de l'Empire byzantin.

Pendant les siècles suivants, la ville, éclipsée par Ohrid, ne joue pas de grand rôle dans l'Empire. Vers l'An Mil, cependant, elle redevient un carrefour commercial et de nombreux monastères et couvents sont construits. Ce sont ces établissements qui donnent son nom à la ville, Bitola, qui vient d'un mot slave signifiant « monastère ». Donc, le même que le nom attribué dans l'antiquité, mais en slave.

Au XIVe siècle, Bitola est conquise par les empereurs serbes qui l'incluent dans leur État.

Époque ottomane

De 1382 à 1799: À la fin du XIVe siècle, les Turcs commencent à envahir les Balkans et prennent Bitola en 1382 qu'ils conserveront définitivement après la bataille de Kosovo Polje (1389). Ils la rebaptisent Monastir et en font le chef-lieu d'un sandjak (district). Monastir devient un grand centre commercial, qui commerce surtout avec l'Albanie et la Grèce.

La ville accueille un très grand nombre de Turcs et devient la troisième plus grande ville de l'Empire ottoman. Au XVIe siècle, Monastir accueille également une importante communauté juive, originaire d'Espagne et du Portugal, pays alors soumis à l'Inquisition. Alors que les Turcs et les Juifs s'installent dans la ville, les Slaves occupent surtout les villages alentour.

Un marchand vénitien décrit en 1591 la ville comme un centre de négoce développé, qui possédait un Bezisten (bazar couvert) et un caravansérail. Selon lui, Monastir comptait 200 maisons habitées par des Juifs et vivait principalement du commerce de la laine et du cuir.

Le voyageur ottoman du XVIIe siècle Hadji Khalifa décrit quant à lui la ville comme un important marché de coton et son contemporain Evliya Çelebi recense 3 000 maisons, plus de 900 magasins, 40 maisons de thé et de café, un bezisten fermé par des portes en fer et d'autres nombreux monuments publics. À cette époque, Monastir est également un grand centre religieux musulman. La ville compte en effet beaucoup de médersas, quelques écoles de droit religieux et près de 70 mosquées.

Vers la fin du XVIe siècle, Monastir remplace Sofia comme capitale du pachalik de Roumélie, une des plus vastes provinces de l'Empire.

Après la Deuxième guerre austro-turque, qui se déroule de 1683 à 1699 et qui s'achève par la défaite ottomane, Monastir, comme les autres villes macédoniennes, décline, et sa population tombe à 12 000 habitants. Le XVIIIe siècle est une période de stagnation pour la ville. À la fin de ce siècle, elle accueille toutefois une nouvelle communauté ethnique, des Valaques, peuple qui parle une langue proche du roumain et qui mène une vie pastorale transhumante.

De 1800 à 1912: En 1830, plusieurs centaines de dirigeants albanais sont massacrés lors d'un banquet à Bitola par les troupes ottomanes.

Au XIXe siècle, le pachalik de Roumélie, trop vaste, est découpé en plusieurs provinces puis remplacé en 1864 par une nouvelle structure, le vilayet de Monastir, qui ne couvre plus que l'ouest de la Macédoine.

Dès le début du XIXe siècle, Monastir connaît de profondes mutations et retrouve sa place de métropole dans l'Empire ottoman. L'implantation d'ateliers d'artisanat offre du travail à la population grandissante et l'installation d'une garnison ainsi qu'une prestigieuse école militaire font venir de nombreux soldats qui s'installent dans la ville. En 1835, Monastir compte ainsi plus de 40 000 habitants et est la seconde ville sur la partie européenne de l'Empire ottoman après Thessalonique. Ses commerçants traitent alors majoritairement avec des homologues de Venise, Vienne (Autriche), Paris, Londres et Leipzig.

En même temps, la conscience nationale macédonienne émerge et les Slaves commencent à ouvrir leurs propres écoles et églises, dépendant de l'Église Orthodoxe Bulgare, en concurrence avec celles du patriarcat grec de Constantinople qui cherchent l'hellénisation de la population slave. Monastir est un des points chauds de la rivalité gréco-bulgare en Macédoine.

En 1894, l'ouverture de la ligne de chemin de fer reliant Monastir à Thessalonique permet un nouvel essor économique pour la ville, qui, plébiscitée par les négociants étrangers, reçoit les consulats de douze États européens et s'occidentalise fortement. Monastir reçoit alors son surnom de Ville des Consuls, qu'elle conserve encore plus de cent ans après.

En 1903, les frères Manákis y réalisent le premier film des Balkans.

Pendant le début du XXe siècle, Bitola est un grand foyer d'associations autonomistes macédoniennes, notamment l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (VMRO), la principale organisation autonomiste macédonienne. Ces groupes aspiraient notamment à l'ouverture d'écoles de langue slave et à l'indépendance vis-à-vis du pouvoir ottoman. En 1903, la ville est d'ailleurs l'un des principaux foyers de l'insurrection d'Ilinden, conduite par les nationalistes macédoniens contre les Ottomans et qui soulève toute la Macédoine slave, et on y déplore de nombreux massacres suivis de violentes répressions principalement dans les campagnes ; « la région de Monastir, théâtre des combats, souffre particulièrement : 119 villages incendiés, 50 000 personnes sans abri ».

Après la révolution des Jeunes-Turcs en 1908, profitant de concessions faites par les Jeunes-Turcs, ce sont les Albanais qui choisissent la ville comme foyer d'action autonomiste. En 1908 a d'ailleurs lieu le Congrès de Monastir qui fixe l'alphabet albanais moderne.

Bitola est prise par l'armée serbe en 1912 pendant la Première Guerre balkanique et passe sous l'administration du royaume de Serbie.

De 1913 à nos jours: Au traité de Londres (30 mai 1913), l'Empire ottoman cède Bitola à la Serbie. Le royaume de Bulgarie, qui revendique aussi la Macédoine, déclare la guerre à ses alliés de la veille, mais il est battu dans la Seconde Guerre balkanique.

En 1915, pendant la Première Guerre mondiale, les Bulgares envahissent la totalité de la Macédoine serbe. Mais les pays de l'Entente débarquent un corps expéditionnaire à Thessalonique et, avec l'appui de l'armée serbe reconstituée, avancent vers la Macédoine slave qui devient l'enjeu de la bataille de Monastir entre le mois de septembre et celui de novembre 1916. Jusqu'en 1918, Bitola se retrouve sur la ligne de front et subit des bombardements presque quotidiens par l'aviation ou l'artillerie ; elle est presque entièrement détruite au sortir du conflit.

Après la fin de la Première Guerre mondiale, Bitola, comme toute l'ancienne Macédoine serbe de 1912, est incluse dans le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. En 1929, cet État devient le Royaume de Yougoslavie. La ville se trouve alors isolée à l'extrême sud de ce nouveau royaume et décline progressivement pendant l'entre-deux-guerres.

La commune a été décorée le 27 août 1923 de la croix de guerre 1914-1918.

Bitola est, lors de la Seconde Guerre mondiale, la première ville de Yougoslavie à être attaquée par les forces de l'Axe. En effet, les Italiens la bombardent le 3 novembre 1940, alors que la Yougoslavie n'entre officiellement dans le conflit qu'en avril 1941. Bitola, occupée par la Bulgarie la même année, souffre ensuite de la déportation de plus de 3 000 Juifs en mars 1943 vers le camp d'extermination de Treblinka, 606 arrestations, 251 condamnations pour résistance, 600 habitants meurent lors de combats, 500 sont blessés. La ville est libérée le 4 novembre 1944 par des Résistants communistes.

À la fin du conflit, en 1945, alors que la République socialiste de Macédoine est créée, Bitola est pressentie pour devenir capitale. Finalement, Tito impose Skopje, l'autre grande ville macédonienne, située dans le nord du pays. Mais après la Seconde Guerre mondiale, Bitola demeure le second centre économique de la Macédoine. La ville compte par ailleurs encore dix consulats, sur les douze qu'elle possédait à la fin du XIXe siècle.

Depuis 1991, Bitola fait partie de la Macédoine du Nord.

 


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